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existe une doctrine qui envisage ce résultat comme digne d’être poursuivi, je lui refuse tout au moins d’avoir pour guide la raison, puissance si hautement invoquée par les sceptiques.

Non, il n’y a pas de raison véritable sans sagesse ; c’est par la sagesse seule que la raison, s’élevant à l’état de vertu, devient respectable. La sagesse entraîne et réclame impérieusement la justice, et, s’il n’y a ni justice ni sagesse dans l’âme de l’univers, il n’y en a jamais eu, il n’y en aura jamais dans celle de l’homme. Que devient la morale, devant laquelle pourtant toutes les écoles s’inclinent et toutes les discussions cessent, si l’homme ne peut puiser à une source certaine les premières conditions de la moralité ?

Il existe donc dans l’univers une pensée souveraine faite de lumière et d’équité. Si les faits extérieurs simulent de temps à autre, par des désastres partiels, l’indifférence d’un destin inexorable, ne nous arrêtons pas à ces apparences indignes de troubler une philosophie sérieuse. Il est bien certain que la plupart des maux inhérents à notre espèce, maladies, passions, guerres, égarements, sont notre propre