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vouent à des études dont le but défini n’est souvent que la satisfaction d’une curiosité spéciale ; les cœurs passionnés cherchent leur ivresse et leur expansion dans l’amour, sans songer à en faire quelque chose de plus noble que la volonté d’amasser deux orages et de choquer douloureusement deux courants électriques. Où sont les hommes qui cherchent sincèrement à se rendre meilleurs sans prétendre à un paradis fait à leur guise, en acceptant dans l’avenir éternel toutes les éventualités, toutes les fonctions, toutes les épreuves, quelles qu’elles soient, que l’inconnu nous réserve ? Cette résignation, non mystique ni fanatique, mais confiante et digne, serait déjà un pas vers la sainteté.

Quelle difficulté insurmontable éprouvons-nous donc à nous placer ainsi dans le sentiment de l’infini avec une bravoure calme et un modeste sentiment de nos forces ? Où serait la vanité de travailler le moi comme un lapidaire taille et polit une pierre précieuse ? La vertu peut avoir aussi son instinct pour ainsi dire spécifique, son besoin ardent et soutenu d’élever dans l’individu le niveau intellectuel de la race.