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que rayonnera l’astre intellectuel voilé en nous.

On opposera à cette espérance, je le sais, la brutalité de la nature, le déchaînement aveugle des désastres extérieurs ruinant à tout instant l’œuvre du travail de l’homme, la férocité des animaux qui lui ont fait si longtemps une guerre sérieuse, le déchaînement des cyclones, les tremblements de terre, les épidémies foudroyantes, les maladies incurables, toutes les puissances ennemies que nous ne savons point encore conjurer ou éviter. Mais l’âme de l’univers a aussi sa dualité pour ne pas dire sa trinalité. Elle a, comme l’homme, une âme spécifique, instinctive, fatale, que l’âme libre et personnelle combat, et que l’âme universelle domine. L’âme spécifique, qui agit aveuglément dans tout être, peut-être dans toute chose, pousse sans cesse l’univers matériel vers le trop plein et le trop vivant. De cet excès naissent les éclatements, le vase trop rempli se brise, la force trop accumulée déchire ses enveloppes et se détruit elle-même en s’épanchant au dehors. Une montagne, une contrée, un monde, peuvent tomber en ruine sous les coups de l’agent indompté. L’âme céleste et personnelle