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d’aspect pour moi, c’est la chaîne des Mores, montagnes couvertes de forêts et d’une tournure fière avec un air sombre. On les côtoie et on entre dans les contre-forts de l’Estérel, massif superbe de porphyre rouge découpé tout autrement que la Carpiagne, qui est calcaire et disloquée. L’Estérel a la physionomie d’une chose d’art, des mouvements logiques et voulus comme les ont généralement les roches éruptives. Ses sommets ont peu de brèche, ses dents s’arrondissent comme des bouillonnements saisis d’un brusque refroidissement. Rien ne prouve que telle soit la cause de ces formes arrêtées et solides, mais l’esprit s’en empare comme d’une raison d’être des ligues moutonnées qui festonnent le ciel et qui descendent en bondissements jusque dans la mer. Petites montagnes, collines en réalité, mais si élégantes et si fières qu’elles paraissent imposantes. Une grande variété de groupements, rentrant dans l’unité de plans de la structure générale, peu de blocs isolés ou détachés là où l’homme n’a pas mis la main ; des murailles droites inexpugnables, des plissements soudains arrêtés par des mamelonnements tumultueux qui se dressent en masses homogènes, compactes,