Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! pour cela, mon oncle, dit Melchior en souriant, il m’est facile de vous obéir. Recevez ma parole et soyez tranquille. Quant à vous, bonne Jenny, dit-il à demi-voix en se tournant vers elle, je vous jure de vous aimer comme ma mère, et jamais autrement.

— Il ne comprend pas, dit Jenny quand elle fut seule.

Et elle fondit en larmes.

Trois jours après, Melchior voulut prendre congé de son oncle, objectant que sa présence à bord de l’Inkle était indispensable.

Le départ de ce navire pour la France était fort prochain.

— Va, dit le nabab, et retiens pour ma fille et moi les deux meilleures chambres du bâtiment. Nous partirons tous ensemble.

— Allons, décidément, pensa Melchior, il ne me sera pas possible de me débarrasser de la tendresse de mon oncle.

Le 2 mars 1825, l’Inkle-et-Yariko mit à la voile, emportant Melchior et sa famille.


II

Deux mois de traversée s’écoulèrent sans apporter de notables changements à la position respective de ces trois personnes.

Le peu d’empressement de Melchior étonnait profondément le nabab. Il affligeait douloureusement Jenny, car elle avait beaucoup aimé Melchior avant de le voir ; et, depuis qu’elle connaissait sa bravoure et sa franchise, elle le regrettait. Elle eût voulu en être aimée. Mais en vain déploya-t-elle toutes les ressources de l’adresse féminine pour lui faire comprendre la vérité, Melchior