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— Me promettez-vous du moins, continua-t-elle, que, si, après avoir fait tout ce qui dépendra de moi pour votre bonheur, je ne réussis pas à fermer cette plaie de votre âme, vous ferez tous vos efforts pour vous guérir ? Ai-je affaire à une enfant romanesque et entêtée, ou bien à une jeune fille forte et courageuse ?

— Doutez-vous de moi ? dit Sarah.

— Non, je ne doute pas de toi ; tu es une Mowbray, tu dois savoir souffrir en silence… Allez vous coiffer, Sarah, et tâchez d’être aussi soignée dans votre toilette, aussi calme dans votre maintien que de coutume. Nous allons attendre quelques jours encore avant de décider de notre avenir. Jurez-moi que vous n’écrirez à aucune de vos amies ; que je serai votre seule confidente, votre seul conseil, et que vous travaillerez à être digne de ma tendresse.

Sarah jura en pleurant de faire tout ce que désirait sa tante ; mais, malgré tous ses efforts, son chagrin fut si visible, qu’Olivier s’en aperçut dès le premier instant. Il regarda lady Mowbray et trouva la même altération sur ses traits. Les vérités qu’il avait confusément entrevues brillèrent à son esprit ; les pensées qui, par bouffées brûlantes, avaient traversé son cerveau à de rares intervalles, revinrent l’embraser. Il fut effrayé de ce qui se passait en lui et autour lui ; il prit son fusil et sortit. Après avoir tué quelques innocentes volatiles, il rentra plus fort, trouva les deux femmes plus calmes, et la soirée s’écoula assez doucement. Quand on a l’habitude de vivre ensemble, quand on s’est compris si bien, que, durant longtemps, toutes les idées, tous les intérêts de la vie privée ont été en commun, il est presque impossible que le charme des relations se rompe tout à coup sur une première atteinte. Les jours suivants virent donc se prolonger cette intimité, dont aucun des trois n’avait