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elle avait sauté sur le gazon. Je lui ai servi de page, et j’ai tenu sa monture pendant qu’elle courait comme un petit chevreau après les fleurs et les papillons. Ma bonne Metella, votre nièce n’est pas ce que vous croyez. Ce n’est pas une petite fille, c’est une espèce d’oiseau déguisé. Je le lui ai dit, et je crois qu’elle rit encore.

— Je vois avec plaisir, dit lady Mowbray avec un sourire mélancolique, que ma Sarah est devenue gaie. Chère enfant ! elle est si aimable et si belle !

— Oui, elle est jolie, dit Olivier, elle a une physionomie que j’aime beaucoup. Elle a l’air intelligent et bon ; elle vous ressemble, Melella ; je ne l’ai jamais tant trouvé qu’aujourd’hui. Elle a votre son de voix par instants.

— Je suis heureuse de voir que vous l’aimez enfin, cette pauvre petite ! dit lady Mowbray. Dans les commencements, elle vous déplaisait, convenez-en ?

— Non, elle me gênait, et voilà tout.

— Et, à présent, dit Metella en faisant un violent effort sur elle-même pour conserver un air calme et doux, vous voyez bien qu’elle ne vous gêne plus.

— Je craignais, dit Olivier, qu’elle ne fût pas avec vous ce qu’elle devait être ; à présent, je vois qu’elle vous comprend, qu’elle vous apprécie, et cela me fait plaisir. Je ne suis pas seul à vous aimer ici. Je puis parler de vous à quelqu’un qui m’entend, et qui vous aime autant qu’un autre que moi peut vous aimer. Sarah entra en cet instant en s’écriant :

— Eh bien, chère tante, vous a-t-il remis le bouquet de ma part ? C’est un méchant homme que monsieur votre fils. Il me l’a presque ôté de force pour vous l’apporter lui-même. Il est aussi jaloux que votre petit chien, qui pleure quand vous caressez ma chevrette.

Lady Mowbray embrassa la jeune fille, et se dit