et qu’on les voit moins avec des tresses. Francesca, faites-moi des tresses.
— Metella, dit le comte lorsqu’elle fut coiffée, pourquoi ne mettez-vous pas de rouge ?
— Hélas ! il est donc temps que j’en mette ? répondit-elle tristement. Je me flattais de n’en jamais avoir besoin.
— C’est une folie, ma chère ; est-ce que tout le monde n’en met pas ? Les plus jeunes femmes en ont.
— Vous haïssez le fard, et vous me disiez souvent que vous préfériez ma pâleur à une fraîcheur factice.
— Mais, la dernière fois que vous êtes sortie, on vous a trouvée bien pâle… On ne va pas au bal uniquement pour son amant.
— J’y vais uniquement pour vous aujourd’hui, je vous jure.
— Ah ! milady, c’est à mon tour de dire qu’il n’en fut pas toujours ainsi ! Autrefois, vous étiez un peu fière de vos triomphes.
— J’en étais fière à cause de vous, Luigi ; à présent qu’ils m’échappent et que je vous vois souffrir, je voudrais me cacher. Je voudrais éteindre le soleil et vivre avec vous dans les ténèbres.
— Ah ! vous êtes en veine de poésie, milady. J’ai trouvé tout à l’heure votre Byron ouvert à cette belle page des ténèbres ; je ne m’étonne pas de vous voir des idées sombres. Eh bien, le rouge vous sied à merveille. Regardez-vous, vous êtes superbe. Allons, Francesca, apportez les gants et l’éventail de milady. Voici votre bouquet, Metella ; c’est moi qui l’ai apporté ; c’est un droit que je ne veux pas perdre.
Metella prit le bouquet, regarda tendrement le comte avec un sourire sur les lèvres et une larme dans les yeux.