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lui pressa la main avec effusion, le conjura de venir souvent chez lady Mowbray. Après lui avoir fait mille politesses exagérées, il se retira précipitamment, comme un homme qui vient de commettre un crime.

Il retourna chez lady Mowbray : il la trouva souffrante et prête à se mettre au lit. Il l’engagea à se distraire et à venir avec lui au bal chez le banquier A… Metella n’en avait pas la moindre envie ; mais, voyant que le comte le désirait vivement, elle céda pour lui faire plaisir, et ordonna à ses femmes de préparer sa toilette.

— Vraiment, Luigi, lui dit-elle en s’habillant, je ne vous comprends plus. Vous avez mille caprices : avant-hier, je désirais aller au bal de la princesse Wilhelmine, et vous m’en avez empêchée ; aujourd’hui…

— Ah ! c’était bien différent : j’avais un rhume effroyable ce jour-là… Je tousse encore un peu…

— On m’a dit cependant…

— Qu’est-ce qu’on vous a dit ? et qui est-ce qui vous l’a dit ?

— Oh ! c’est le jeune Suisse avec lequel vous avez voyagé, et que j’ai vu au spectacle hier au soir ; il m’a dit qu’il vous avait rencontré la veille au bal chez la princesse Wilhelmine.

— Ah ! madame, dit le comte, je comprends très-bien les raisons de M. Olivier de Genève pour me calomnier auprès de vous !

— Vous calomnier ? dit Metella en levant les épaules. Est-ce qu’il sait que vous m’avez fait un mensonge ?

— Est-ce que vous allez mettre cette robe-là, milady ? interrompit le comte. Oh ! mais vous négligez votre toilette déplorablement !

— Cette robe arrive de France, mon ami ; elle est de Victorine, et vous ne l’avez pas encore vue.