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— Oui, continua-t-il ; je dis un peu coquette.

— C’est beaucoup plus flatteur ! dit le comte. De sorte que…

— De sorte que, soit imprudence de sa part, soit jalousie de la part des autres femmes, sa réputation avait reçu en Angleterre quelques atteintes assez sérieuses pour lui faire désirer de quitter ce pays d’hommes flegmatiques et de femmes collet monté. Elle vint donc en Italie chercher une vie plus libre, des mœurs plus élégantes. Même on dit…

— Que dit-on, monsieur ? dit le comte d’un air sévère.

— On dit, continua Olivier, dont la vue était un peu troublée, bah ! elle l’a dit elle-même en confidence à Aix, à une de ses amies intimes, qui l’a répété à tous les buveurs d’eau…

— Mais qu’est-ce donc qu’elle a dit ? s’écria le comte en coupant avec impatience un fruit et un peu de son doigt.

— Elle a dit qu’à son arrivée en Italie, elle était aigrie contre l’injustice des hommes, et si offensée d’avoir été victime de leurs calomnies, qu’elle se sentait disposée à fouler aux pieds les lois du préjugé, et à mener une aussi joyeuse vie que la plupart des grands personnages de ce pays-ci.

Le comte ôta son bonnet de voyage et le remit gravement sur sa tête sans dire une seule parole. Olivier continua.

— Mais ce fut en vain. La noble lady fit ce vœu sans connaître son propre cœur. N’ayant point encore aimé, et s’en croyant incapable, elle allait y renoncer lorsqu’un jeune homme tomba éperdument amoureux d’elle et lui écrivit sans façon pour lui demander un rendez-vous.