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— Vous en parlez vivement ! dit le comte.

— Je ne risque pas d’être impertinent envers elle, reprit le jeune homme ; je ne l’ai jamais vue et ne la verrai peut-être jamais.

— Pourquoi non ?

— Sans doute, pourquoi non ? mais l’on peut aussi demander pourquoi oui ? Je sais qu’elle est affable et bonne, que sa maison est ouverte aux étrangers, et que sa bienveillance leur est une protection précieuse ; je sais aussi que je pourrais me recommander de quelques personnes qu’elle honore de son amitié ; mais vous devez comprendre et connaître, monsieur, cette espèce de répugnance craintive que nous éprouvons tous à nous approcher des personnes qui ont le plus excité de loin nos sympathies et notre admiration.

— Parce que nous craignons de les trouver au-dessous de ce que nous en avons attendu, dit le comte.

— Oh ! mon Dieu ! non, reprit vivement Olivier, ce n’est pas cela. Quant à moi, c’est parce que je me sens peu digne d’inspirer tout ce que j’éprouve, et, en outre, malhabile à l’exprimer.

— Vous avez tort, dit le comte en le regardant en face avec une expression singulière ; je suis sûr que vous plairiez beaucoup à lady Mowbray.

— Comment ! vous croyez ? et pourquoi ? d’où me viendrait ce bonheur ?

— Elle aime la franchise, la bonté. Je crois que vous êtes franc et bon.

— Je le crois aussi, dit Olivier ; mais cela peut-il suffire pour être remarqué d’elle au milieu de tant de gens distingués qui lui forment, dit-on, une petite cour ?

— Mais…, dit le comte reprenant son sourire ironique, remarqué… remarqué… comment l’entendez-vous ?