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lui avez signé ; vous n’apporterez pas de retard à l’exécution de nos traités, nous le savons, et vous prions, cher seigneur Zacomo, d’être assuré que, sans une occasion extraordinaire…

— Oh ! faquin ! délivre-moi au moins de tes phrases, s’écriait dans le secret de son âme le triste Spada ; bourreau, qui me faites manquer la plus belle affaire de ma vie, et qui venez encore me dire en face de payer pour vous !

Mais ces exclamations intérieures se changeaient en sourires forcés et en regards effarés sur le visage de M. Spada.

— Eh quoi ! dit-il enfin en étouffant un profond soupir, Abul doute-t-il de moi, et d’où vient qu’il veut être soldé avant l’échéance ordinaire ?

— Abul ne doutera jamais de vous, vous le savez depuis longtemps, et la raison qui l’oblige à vous réclamer sa somme, Votre Seigneurie vient de l’entendre.

Il ne l’avait que trop entendue ; aussi joignait-il les mains d’un air consterné. Enfin, reprenant courage :

— Mais savez-vous, dit-il que je ne suis nullement forcé de payer avant l’époque convenue ?

— Si je me rappelle bien l’état de nos affaires, cher monsieur Spada, répondit Timothée avec une tranquillité et une douceur inaltérables, vous devez payer à vue sur présentation de vos propres billets.

— Hélas ! hélas ! Timothée, votre maître est-il un homme capable de me persécuter et d’exiger à la lettre l’exécution d’un traité avec moi ?

— Non, sans doute ; aussi, depuis cinq ans, vous a-t-il donné, pour vous acquitter, le temps de rentrer dans les fonds que vous aviez absorbés ; mais aujourd’hui…

— Mais, Timothée, la parole d’un musulman vaut un titre, à ce que dit tout le monde, et ton maître s’est