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ment ceci : « Donnez-moi le temps. » Mais la réponse demande encore une courte explication.

Il n’y a jamais eu de système chez l’auteur de ces nouvelles, à propos de la priorité d’un sexe sur l’autre. Il a toujours cru à une parfaite égalité naturelle que n’altère en rien la diversité des fonctions, puisque chaque sexe a sa supériorité marquée par la Providence dans l’exercice de la fonction que la nature lui attribue. Mais, sans revenir à des considérations philosophiques trop élémentaires pour être discutables, l’auteur de Pauline, de Métella et de beaucoup d’autres fictions du même genre peut appeler l’attention du critique et du lecteur sur une circonstance dont il faut tenir compte.

Il est très-difficile à une femme de bien comprendre, de bien définir et de bien dépeindre un homme d’un mérite complet, et surtout de l’employer comme personnage actif et principal dans un roman. Pour qu’un écrivain-femme connaisse bien la cause et le jeu des forces morales de l’homme, il faut qu’avec le temps, l’observation et quelques études injustement réputées inutiles à son sexe et à son état, il devienne, non pas homme lui-même, ce qui lui serait impossible, mais un peu moins enfant que ne l’a laissé son éducation première. Il pourra comprendre alors l’importance, de certaines préoccupations intellectuelles qui lui étaient étrangères,