Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle se troubla de nouveau.

— Je vous crois, dit-elle ; mais avez-vous vu la personne ?

— J’ai vu les deux personnes : l’homme parfaitement, la femme nullement quant au visage. Il m’a semblé que c’était une religieuse. À coup sûr, c’était une femme qui venait là en cachette, qui sortait de votre enclos en se glissant dans le feuillage, et qui se baissait derrière la palissade.

Les traits de mademoiselle d’Estorade prirent une expression de douloureuse ironie contre elle-même, lorsqu’elle me fit, avec un effort désespéré, cette nouvelle question :

— Vous n’avez pas vu la figure de cette femme ; mais sa taille avait-elle quelque chose de particulier ?

— Je l’ignore, répondis-je ; j’ai vu sa robe noire et un grand chapeau de paille, voilà tout.

Je ne sais si, sur ce dernier point, je mentais avec aplomb, mais mademoiselle d’Estorade me parut un instant rassurée.

— Alors, reprit-elle, vous ne sauriez affirmer que ce fût une religieuse ? Ces dames ne portent pas de chapeau, même pour aller au jardin.

— Il se peut, dit Narcisse, que ce fût une de vos élèves, ou encore une ouvrière occupée dans l’établissement ; une des mille victimes de M. Albany le chanteur ! Ça