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du couvent. Le parloir était du même temps, fort petit, mais très-bien conservé et heureusement nettoyé sans aucune couche de badigeon.

Ce cadre caractérisé me disposa peut-être à trouver mademoiselle d’Estorade plus agréable que je ne m’y étais attendu. Malgré ma première impression, qui avait été assez sympathique pour sa physionomie, les dédains d’Albany pour la bossue et la manière dont Narcisse lui-même parlait de sa tournure, m’avaient influencé malgré moi, et je m’étais préparé à la voir laide ou ridicule de près.

Ce fut tout le contraire. Dès le premier coup d’œil, je reconnus que mademoiselle d’Estorade n’était nullement bossue. Elle était mince et voûtée, il est vrai ; mais, en dépit de sa vilaine robe plate, trop serrée sur sa poitrine et coupée trop carrément sur ses épaules, ses mouvements et même son attitude portée en avant avaient je ne sais quelle grâce touchante qui ne parlait pas aux sens, mais à l’esprit.

Elle était fort petite et fort maigre, mais avec de petits os ; diaphane, et non anguleuse. Il eût fallu bien peu d’art, une simple robe aisée et formant quelques plis droits, pour donner à son corps la ténuité élégante d’une statuette de madone byzantine.

Elle était blonde, et elle avait, disait-on, coupé la plus magnifique chevelure dorée qui ait jamais orné la tête