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cette maladie du cœur date de loin, et que nous avons été trompés, moi le premier, par une certaine animation insolite du caractère et de la physionomie. Elle nous a caché cela, ou elle ne s’en est pas rendu compte. Tant il y a que la maladie existe, et que, si les accidents nerveux reparaissaient, je ne serais pas du tout tranquille.

Le lendemain, il vint me donner de meilleures nouvelles ; mais, le surlendemain, il m’effraya tout à fait. Les nuits étaient mauvaises. La femme de chambre, malgré la défense de Juliette, qui craignait d’alarmer ses amis, avait avoué au docteur qu’il n’y avait presque pas de sommeil et une inquiétude continuelle.

— Voilà, disait-il, ce qui explique l’abattement de la journée. Il faudra que je passe une ou deux nuits là-bas.

Il alla s’y installer, en me promettant de me faire donner des nouvelles tous les jours. Mais son absence se prolongea, et je ne reçus de lui que des mots problématiques : « Couci, couci. — Ce n’est pas merveilleux. — Toujours de même. — Moins bien. — Peu bien. — Pas bien. » Les billets de madame Pitard étaient plus rassurants. Il semblait que les progrès du mal ne fussent appréciables que pour le docteur. Narcisse n’écrivait pas. Au bout d’une semaine, l’inquiétude me prit, et, en dépit du travail qui me surchargeait, je courus un soir à Estorade.

Le docteur vint à ma rencontre.