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grand jardin où les enfants pouvaient jouer et courir, et une maison qui nous offrait l’abri nécessaire, les jours de pluie. Comme tous ces enfants réunis étaient assez bruyants et qu’ils eussent fort troublé le silence du couvent, mademoiselle d’Estorade, pour ne pas les séparer, consentit à venir faire la veillée chez moi. Elle arrivait avec Sylvie à sept heures et se retirait à neuf. Quelquefois elle se laissait fléchir par la petite, quand les jeux étaient bien animés, et la veillée, avec nous, se prolongeait un peu plus ; mais, quelque instance qu’on lui fît, elle ne voulut jamais confier à personne le soin de reconduire la petite fille et de la mettre au lit, pour avoir la liberté de rester un peu plus tard avec nous.

Notre petite réunion s’augmenta bientôt de mes principaux employés et de leurs familles. Le curé venait assidûment faire sa partie de piquet avec le docteur. Le fils et la bru de celui-ci vinrent aussi prendre le thé de temps en temps, et leurs enfants arrivaient avant eux pour se retirer plus tôt avec ceux d’Hortense.

Tant que les enfants étaient là, on s’occupait d’eux, on faisait la police de leurs jeux et on leur en enseignait de nouveaux, auxquels on se mêlait naturellement. Quand ils étaient partis, on causait, les femmes travaillaient à l’aiguille, les hommes de la localité dérogeant, sous l’influence de ma femme et l’exemple de mes employés, à la mauvaise habitude de faire bande à part pour fumer de-