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noir, en me demandant escuse de ce qu’il n’était pas encore baliyé.

De l’autre côté de la ruelle, au lieu du mur et de la petite porte que je connaissais, je trouvai la carcasse d’une maisonnette de deux étages, dont les ouvertures principales étaient tournées vers le jardin. Je passai vite sous les échafauds, d’où pleuvaient avec activité la chaux et le mortier, et je trouvai Narcisse dans le parterre, causant avec son maître maçon.

Il ne m’attendait pas si tôt, et se jeta dans mes bras avec joie. Le kiosque étant détruit pour donner de l’espace au jardin et de l’air à la construction nouvelle, il me conduisit sur la butte, destinée aussi à disparaître, et nous nous assîmes sur les débris de ce qui avait été mon cabinet de travail, au milieu des pauvres arbustes tout brisés, qui suspendaient encore quelques grappes de fleurs sur nos têtes.

Narcisse était aussi changé que son jardin, et même, si je l’eusse rencontré ailleurs inopinément, j’eusse hésité à le reconnaître. Mais, bien loin de présenter l’aspect d’une ruine, sa personne était sensiblement améliorée de toutes les façons. Il avait pourtant considérablement maigri ; mais il était aisé de voir que c’était par l’effet d’un meilleur régime et qu’il se portait beaucoup mieux que par le passé. Son teint blême et bouffi avait pris un ton plus solide ; son vaste abdomen avait disparu, et ses