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se cotisant pour me la donner, qu’avec le jardin, il y en avait bien pour cent bons francs. Cent francs ! cela me paraissait énorme. J’étais donc riche ? Je fis deux ou trois fois en une minute le tour du jardin. Je regardai la bergerie de Rosette ; elle m’avait donné un agneau au printemps ; il était déjà fort et très beau, je l’avais si bien soigné ! En le vendant, j’aurais le moyen de faire une vraie bâtisse à côté de celle que mon grand-oncle avait construite lui-même et que je voulais garder en respect de lui. J’aurais aussi le moyen d’avoir deux ou trois poules, et qui sait si plus tard, en achetant un petit chevreau, je ne l’amènerais pas à être une bonne chèvre ? — Je recommençais, sans m’en douter, la fable de Perrette et de son pot de lait, mais je n’étais pas fille à le répandre pour le plaisir de sauter, et mes rêves devaient me conduire bien plus loin que je ne pensais.