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Vendéenne, la chouanne irréconciliable ! Chargée par vos parents de veiller sur Louise, mais empêchée longtemps par le louable devoir de fomenter et de continuer la guerre civile, elle a pu enfin sortir du repaire ; elle est venue hier soir chercher Louise, et Louise l’a suivie.

— Sans résistance ?

— Et sans regret ! Vous aurez donc le regret, vous, de ne pas l’embrasser aujourd’hui, ni peut-être de sitôt…

— J’irai la chercher ! Où qu’elle soit, je la retrouverai, je la ramènerai. Je suis majeur, elle est ma pupille, elle ne dépend que de moi. Je n’entends pas que ma sœur aille vivre parmi les brigands.

— La paix est faite, mon ami, il faut en finir avec toutes ces haines ; moi, j’en suis las, et je vous engage à laisser à votre sœur la liberté de ses actions et de ses opinions. Dans quelques mois, elle aura vingt ans ; un an encore et elle aura le droit légal de résider où il lui plaira, comme elle a déjà le droit moral de penser ce qui lui plaît, de haïr et de repousser qui bon lui semble. Nous avons souffert et combattu pour la liberté, mon enfant, chacun selon nos forces. Respectons la liberté des consciences et reconnaissons que ce qui est du domaine de la croyance nous échappe.

— Vous avez raison, reprit Émilien, et, si ma sœur se rend bien compte de ce qu’elle a fait en quittant ainsi votre maison, je l’abandonnerai à ses préjugés. Mais peut-être ne sont-ils pas aussi invétérés que vous le pensez. Peut-être a-t-elle cru devoir obéir à la dernière volonté de ses parents, peut-être n’est-elle pas ingrate au fond du cœur, et, puisqu’elle touc