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Costejoux. Je voulais voir le parc et j’y trouvai Boucherot qui me le montra en détail.

Louise vint m’y rejoindre, et, Boucherot s’étant discrètement retiré :

— Nanon, me dit-elle, j’ai réfléchi depuis hier. Puisque te voilà riche, et que tu dois le devenir davantage (c’est M. Costejoux qui dit cela), tu devrais lui racheter Franqueville pour mon frère. Comme cela, tu mériterais vraiment de devenir marquise.

— Parlons de vous et non de moi, lui répondis-je en riant de ce compromis inattendu. Est-ce que Franqueville n’est pas à vous, si vous le souhaitez ?

— Non ! reprit-elle vivement, car je ne veux point m’appeler madame Costejoux ; j’aimerais mieux rester avec mon frère et toi, ne pas me marier, me faire paysanne comme vous, soigner vos poules et garder vos vaches. Ce ne serait pas déroger !

— Si c’est une idée bien arrêtée de refuser M. Costejoux, il serait honnête et digne de vous de le lui dire, ma chère enfant !

— Je le lui dis toutes les fois que je le vois.

— Non, vous vous abusez. Si vous le lui dites, c’est de manière à lui laisser de l’espérance.

— Tu veux dire que je suis coquette ?

— Très coquette.

— Que veux-tu ! je ne puis m’en défendre. Il me plaît, et, s’il faut tout te dire, je crois bien que je l’aime !

— Eh bien, alors ? _…_

— Eh bien, alors, je ne veux pas céder à cette folie de mon cerveau. Est-ce que je peux épouser un jacobin, un homme qui eût envoyé mes parents à l