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ou égoïste, ou poltron ; ce n’est pas non plus parce qu’on a besoin de repos que cela arrivera. Les bons soldats n’ont pas manqué pour les armées, parce que, de ce côté-là, le devoir est net et la cause bonne. Ce dont on est las, c’est d’être forcé de se méfier, de se haïr et de voir périr des innocents sans pouvoir les assister. On est fatigué aussi de ne point travailler. Pour le paysan, c’est la pire fatigue, et ce ne sont point vos secours, vos allégements et vos aumônes qui le consolent et le dédommagent du temps perdu. Il a un grand courage et, une grande bonté de cœur dont vous n’avez pas connu l’emploi. Pris séparément, il a bien des défauts, mais je vais vous parler comme il parle : si vous pouviez mettre en un tas ce qu’il y a de moralité, plus ou moins, dans le cœur de chacun, vous verriez une montagne qui vous ferait peur, parce que vous n’avez point voulu la voir et parce qu’il vous faut renoncer à l’abattre.

J’avais parlé vivement, en marchant par la chambre, en tisonnant le feu, en prenant et quittant mon ouvrage ; je m’étais montée plus que je ne l’avais prévu, et je ne voulais point regarder M. Costejoux pour ne pas perdre le courage d’aller jusqu’au bout de mes idées. Je crois que j’en aurais trouvé encore à dire, mais il en avait assez, lui. Il se leva, me prit le bras et le serra jusqu’à me faire mal, en disant :

— Tais-toi, paysanne ! tu ne vois donc pas que tu m’assassines ?