Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/247

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Mon cher enfant, disait M. Costejoux, restez où vous êtes, bientôt vous serez libre d’en sortir et de faire votre devoir. Il nous faut encore effrayer et contenir, et nous avons beau épurer autant que possible le personnel employé aux recherches, nous ne pouvons faire que tous nos agents soient probes et intelligents. Une situation aussi tendue peut encore donner lieu à de fatales méprises. La révision de l’affaire Prémel vous a entièrement disculpé de toute tentative ou intention blâmable, mais nous avons tant d’affaires sur les bras, que je ne voudrais pas avoir à vous sauver une seconde fois. Je passerais décidément pour le protecteur avoué de votre famille. C’est assez que ma mère se soit dévouée à votre sœur. Restez donc effacés encore et comptez que, dans bien peu de temps, le règne de la justice refleurira en France : Robespierre et Saint-Just n’ont plus que quelques obstacles à vaincre pour faire que la République, débarrassée de tous ses ennemis, devienne ce qu’elle doit être, ce qu’ils veulent qu’elle soit, une tendre mère qui rassemble tous ses enfants dans ses bras et leur donne à tous le bonheur et la sécurité. Oui, mon jeune ami, attendez encore quelques semaines, vous verrez punir les excès de rigueur féroce commis par des traîtres qui voulaient vendre et flétrir notre cause. J’ai commencé dans la mesure de mes moyens d’action et j’espère contribuer à purger la nation des intrigants et des infâmes, comme les Prémel et les Pamphile. Alors, la France sauvée inaugurera le règne de la sainte fraternité. »

Il y avait en post-scriptum :

« Vos deux amis n’ont pas été signal