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— Il était ce soir en commission. Il est rentré, je l’ai prévenu. Lui seul te connaît. Il ne dira rien, ne lui parle pas. Tu partiras demain, ou, si tu es trop fatiguée, tu ne sortiras pas de l’appartement de ma mère. Tu pourrais rencontrer Pamphile dans la maison, et je sais qu’il t’en veut.

— Je ne partirai pas demain ; vous ne m’avez pas assez promis. Je veux vous parler encore.

— Il n’est pas sûr que j’aie le temps comme aujourd’hui. D’ailleurs, je n’ai rien à te promettre. Tu sais bien que je ferai tout ce qui sera humainement possible pour ce pauvre enfant.

— Voilà enfin une bonne parole, lui dis-je en baisant sa main avec ardeur.

Il me regarda encore avec son air étonné.

— Sais-tu, me dit-il, que tu étais laide et que tu deviens jolie ?

— Eh bien, mon Dieu, qu’est-ce que cela fait ?

— Cela fait qu’en courant ainsi toute seule les chemins et les aventures, tu t’exposes à toute sorte de dangers que tu ne prévois pas. Au moins tu seras en sûreté ici. Bonsoir. J’ai à travailler la moitié de la nuit et il me faut être debout avant le jour.

— Vous ne dormez donc plus ?

— Qui est-ce qui dort en France à l’heure qu’il est ?

— Moi. Je vas dormir : vous m’avez donné de l’espoir.

— N’en aie pas trop et sois prudente.

— Je le serai ! Dieu soit avec vous.

Je le quittai, je trouvai Laurian dans le corridor. Il m’attendait ; mais il ne me dit pas un mot, il ne me