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et que, si mon père m’en a cru capable, c’est sur un mensonge impudent de Prémel.

Il parlait avec tant de chaleur et de fierté, que M. Costejoux, après l’avoir bien regardé dans les yeux sans pouvoir les lui faire baisser, lui dit brusquement :

— C’est possible, mais que sais-je ? Vous êtes, depuis ce matin, décrété d’arrestation par le tribunal révolutionnaire de la province ; Prémel est en prison, on le soupçonnait depuis longtemps d’entretenir des intelligences avec ses anciens maîtres. On a saisi tous ses papiers et cette lettre est une des premières qui me soient tombées dans la main en ouvrant le dossier. Elle vous condamne, si elle est authentique, et elle l’est, car voici beaucoup d’autres lettres et papiers d’affaires qui semblent l’établir autant que possible. D’ailleurs, les procès de cette nature sont trop vite expédiés pour que l’on consulte les experts. Il ne vous reste qu’un parti à prendre si, comme je le désire, vous êtes innocent : c’est de protester, et de prouver, si cela vous est possible, que vous n’avez jamais autorisé Prémel à faire acte de soumission de votre part à votre père.

— Je le prouverai ! M. le prieur sait que je n’ai pas voulu répondre à l’invitation d’émigrer.

— Vous n’avez pas voulu répondre, donc vous n’avez pas refusé ?

— Le prieur…

— Dites le citoyen Fructueux. Il n’y a plus de prieur, il n’y a plus de prêtres.

— Comme il vous plaira ! le citoyen Fructueux vous dira…

— Il ne me dira rien, on ne prendra pas le temps