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Thierray courut à la fenêtre et vit Benjamine sur la pelouse. En le voyant, elle sourit, mais ne se troubla point, et lui dit avec la franchise et l’absence de timidité d’un véritable enfant :

— Ah ! bonjour monsieur ; comment vous portez-vous ?

Thierray lui rendit presque paternellement son salut.

— Dites donc à Amédée, reprit la jeune fille, que les papillons se poseront bientôt sur son nez, au train dont il leur fait la chasse.

Amédée s’approcha tranquillement de la fenêtre et lui jeta son filet en souriant. Elle le ramassa, courut après le papillon et disparut avec lui dans les massifs d’arbustes en fleurs.

Amédée était aussi calme qu’auparavant.

— Allons ! elles sont deux qui aiment les papillons, pensa Thierray.




VII


La cloche sonna le déjeuner.

— C’est le premier coup, dit Amédée. Nous avons encore une demi-heure avant le second. Voulez-vous que nous fassions un tour de jardin ?

— Volontiers, dit Thierray. — Si entre le premier et le second coup de cloche je ne devine pas ton secret, à toi, disait Thierray intérieurement, mon jugement est un sot et un flâneur. — D’autant plus, ajouta-t-il en s’adressant à lui, que je voudrais me munir d’un objet indispensable pour couronner ma mission ici.

— Que vous faut-il ? dit Amédée.

— Un bouquet, fût-il d’herbes des champs, pour placer sur le pupitre du clavecin que je suis chargé de présen-