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selle Éveline a dit : « Je le mettrais au salon, car il n’y aurait pas de place dans ma chambre ; » et je pense, monsieur, que la chambre de Mademoiselle serait bien assez grande…

— Pour contenir une montre de la grosseur d’un oignon ! Vous êtes un grand logicien, monsieur Crésus, et vos moindres paroles sont des traits de lumière. Vous nous avez révélé que l’objet en question appartenait au genre masculin et faisait du bruit : donc, ce n’est ni une montre ni une horloge, mais ce peut être un coucou ou un tourne broche.

— Ou un instrument de musique, dit Flavien.

— Monsieur le comte brûle ! dit enfin Manette, qui savait fort bien de quoi il s’agissait, et qui avait espéré qu’on ne le découvrirait pas, car cette recherche lui avait paru d’abord une profanation. Mais l’espoir de rester au château l’avait radoucie, et dès lors elle désirait complaire à son jeune maître,

— Pardié ! s’écria Crésus, si vous étiez là quand on a regardé la chose, ce n’est pas malin, à vous, de la deviner, mère Manette… Mais, tout de même, vous me volez cent bons francs ; car, sans moi, vous n’auriez rien dit.

— Il a raison, dit Flavien. Manette, ne dites rien. Cherche, Crésus, cherche ! ton idée t’appartient.

Crésus se mit à fureter avec le flair d’un valet curieux et la précaution d’un paysan méfiant. Enfin, il découvrit, dans l’angle le plus obscur du salon, derrière les fauteuils qui lui formaient une barrière, un grand meuble oblong couvert d’une toile verte. Il souleva doucement cette toile et trouva en dessous une couverture de laine

— C’est un lit ! fit-il.

Et il laissa retomber la couverture. Mais, se ravisant, il la souleva de nouveau et découvrit un bois noir lisse