Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/75

Cette page n’a pas encore été corrigée

et qui devenait gênant, effrayant pour sa personnalité. Elle dormit fort mal et rêva de Thierray, de Flavien et d’Amédée, sans savoir lequel obsédait particulièrement sa pensée.

Quant à Nathalie, elle dormit mieux qu’elle n’avait fait depuis longtemps. Elle avait atteint son but et remporté une première victoire.

Caroline, qui était couchée depuis deux heures, ne s’éveilla qu’au jour, mais sous le poids d’un terrible cauchemar. Elle rêva que le hibou mangeait sa plus belle fauvette. Elle courut ouvrir sa fenêtre, et la fauvette, apprivoisée, mais libre, qui dormait sur un arbre voisin, vint aussitôt voltiger sur sa tête. L’enfant essuya ses larmes, lui donna mille baisers, et la laissa repartir pour aller, elle-même, achever son somme.

Amédée était déjà levé, il traversait la pelouse pour aller surveiller les travaux de la campagne. Il vit Benjamine à sa fenêtre, mais Benjamine n’avait vu que sa fauvette.

Quand le soleil se leva, Flavien, qui avait très-bien dormi dans son castel de Mont-Revêche, entra tout botté et tout habillé dans la chambre de Thierray.

— Allons, debout, paresseux ! lui dit-il ; la matinée est admirable, et tu perds le plus beau soleil, ajouta-t-il avec emphase, qui ait jamais doré la cime des forêts.

— Où allons-nous ce matin ? dit Thierray en cherchant à s’éveiller tout à fait.

— Nous allons à la plus prochaine cité morvandiote, trouver le premier notaire qui nous tombera sous la main, pour signer la plus solennelle procuration qu’il saura rédiger. C’est une plaisanterie d’assez bon goût que je veux réellement faire à mon voisin Dutertre. Cet homme me plaît ; je veux le lui prouver en lui faisant remettre