— Où donc est-il ?
— Regarde maintenant l’aile du château tout à l’heure brillante, qui est rentrée dans l’obscurité. Mon père est dans sa chambre, Olympe dans la sienne ; l’un dort, l’autre est censée dormir.
— Enfin, où veux-tu en venir ?
— Regarde les buissons de clématite qui s’étendent sous la fenêtre d’Olympe, et qui nous masquent aussi la petite porte de son boudoir donnant sur le perron de la tourelle ; ne vois-tu rien ?
— Rien du tout.
— Regarde mieux ; attends que ce nuage se détache du visage de la lune ; à présent, à côté du buisson, dans cette lacune sur le sable blanc et uni ?
— Je vois comme une ligne noire. C’est l’ombre de quelque chose.
— Ou de quelqu’un.
— C’est immobile… C’est l’ombre d’un objet quelconque dont nous ne pouvons nous rendre compte.
— Et à présent, est-ce immobile ?
— Non, l’ombre grandit, diminue… elle marche. Oh ! qu’elle est nette par moments ! C’est une personne qui est là, je n’en doute plus ; une personne qui se croit cachée par le massif, mais que la lune frappe de ce côté, et qui ne songe pas que sa silhouette se projette vers celui que nous voyons. Eh bien, est-ce Amédée, dis, Nathalie, est-ce lui ?
— C’est lui ou elle, dit Nathalie. C’est peut-être tous les deux.
— Il n’y a qu’une ombre, je te le jure.
— Alors c’est lui. Plus d’une fois, dans des nuits encore plus claires que celle-ci, j’ai vu s’agiter les branches de ce côté ; plus d’une fois, quand le silence était plus pro-