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— Mais je les trouve charmants, moi, ces vers-là ! je les aime mieux que tous les tiens !

— C’est que tu ne t’y connais pas. Ils n’ont qu’un mérite, c’est d’exprimer assez adroitement une passion très-vive.

— Voyons donc, dit Éveline en les relisant.

Et, quand elle eut fini, elle garda le silence et rêva.

Puis elle dit :

— J’y vois plus d’adulation que d’amour.

— L’adulation n’est-elle pas le langage de l’amour ?

— Celle-là est excessive.

— Olympe est admirablement belle, c’est incontestable.

— Trop pâle !

— C’est la mode, d’être pâle, et rien n’a plus de succès auprès des artistes. Tes belles couleurs, souvent trop vives, seraient en disgrâce dans un salon.

— Bah ! c’est un goût dépravé, cela ! Mais qu’est-ce que cela me fait, encore une fois ? Si le rimeur me trouve trop fraîche, le gentilhomme me rendra plus de justice, et il verra qui, de moi ou d’Olympe, sait faire changer de pied au galop, et enlever net ce changement dans un tournant dangereux ; il ne me fera pas de vers, lui, mais on prend ce qu’on trouve !

— Tu oublies que les semblables se fuient et que les contrastes se cherchent ! Le lion n’a pas plus de goût pour toi, que toi pour lui.

— Tu as vu aussi cela, ce soir, au salon, où l’on ne voyait rien ?

— J’ai entendu.

— Quoi donc ? celui-là aussi fait la cour à Olympe ?

— Il la lui fera ; elle l’a charmé avec quelques mots, elle cause bien, elle est fort séduisante. Il lui a demandé