Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/390

Cette page n’a pas encore été corrigée

tir, à l’effet d’obtenir pour moi la main de Nathalie.

— C’est Éveline, c’est Amédée et sa femme qui s’en chargeront avec moi, s’écria Thierray ; car ma femme te doit de la reconnaissance, et nous devons tous du bonheur à Nathalie ! Elle a expié, car elle a beaucoup souffert, et je sais qu’elle t’aime avec passion. Je sais qu’elle n’espère plus, qu’elle est désolée, et qu’elle est restée pieusement résignée à son sort. Ceci est la dernière épreuve. Crois en elle, Flavien, crois à l’avenir, c’est la fille de Dutertre !

Dutertre ne fut pas surpris de l’offre de Flavien. Nathalie, muette avec tous les autres sur sa rencontre en Italie avec ce jeune homme, avait ouvert son cœur et confessé sa souffrance à son père. Dutertre sentit ce qu’il y avait de généreux envers lui dans ce besoin que Flavien éprouvait de ramener un peu de joie dans sa famille. Il agréa sa demande.

Nathalie voulut habiter Mont-Revêche dans les premiers temps de son mariage, sans en chasser sa sœur et Thierray, qu’elle y reçut avec une constante aménité. La tristesse de cette demeure semblait s’harmoniser avec le caractère grave et pensif de sa beauté.

Elle a paru dans le monde avec son mari, mais sans se montrer enivrée des succès que son attitude royale et son intelligence sérieuse lui ont valu. Elle a facilement engagé son mari à passer la moitié de l’année avec elle, tantôt à Puy-Verdon, tantôt à Mont-Revêche, où elle se plaît particulièrement et où elle soigne très-charitablement le vieux serviteur et le vieux perroquet de la chanoinesse. Sa conduite est exemplaire et sa soumission à son mari tient du parti pris. C’est une grande preuve de son jugement ; car Flavien, le plus doux et le meilleur des hommes, a toujours la passion de se croire le maître, et, pourvu que sa