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XXXI


Dutertre, assis sur le rocher de la croix, avait écouté avec stupeur le récit de Thierray. Il se leva et lui dit :

— Adieu, ami ! je vous remercie, vous m’avez sauvé ! J’ai hâte, à présent, d’aller remercier la femme généreuse et sublime qui s’est exposée aux soupçons et qui a subi en silence mon propre blâme pour sauver l’honneur de ma fille.

Et, ne se ressouvenant plus de Flavien, il alla pour chercher son cheval.

— Attendez, lui dit Thierray. Ne nous quittons pas sans nous être concertés sur ce que nous devons dire, Flavien et moi, pour expliquer la visite de madame Dutertre à Mont-Revêche. Commandez, afin que notre système ait de l’unité.

— Vous viendrez demain matin à Puy-Verdon, répondit Dutertre, et nous nous concerterons. Quant à M. de Saulges, nous n’avons pas besoin de son concours… car son intention est certainement de partir demain pour Paris, ajouta-t-il en élevant la voix.

Il avait vu Flavien qui l’attendait, debout et immobile, à l’entrée de la clairière.

— Oui, monsieur, répondit Flavien en se rapprochant aussitôt. Telle est mon intention, si vous n’avez plus rien à me dire.

— J’étais l’offensé, monsieur, répondit Dutertre avec gravité. J’ai le droit de retirer mon initiative. Je suis forcé de la retirer. Un duel entre nous, en ce moment, compromettrait à la fois deux femmes dont la réputation m’est plus sacrée que ma vengeance ne m’est chère. L’avenir