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pour attirer les galants ? Tu pourras disserter là-dessus à loisir.

— Je ne m’intéresse pas aux vieux problèmes, répondit Thierray, et, pour la punir de m’avoir mystifié, je veux, sous son nez, être féru d’amour pour la plus jolie ou la moins laide de ses filles. Allons faire notre visite d’arrivée. Je dois cet empressement au bonhomme Dutertre. Bon mari ! cher mari ! il ne me trompait pas, lui, quand il me disait : « Je veux vous présenter à ma femme ! »

— Faisons un peu de toilette et partons, dit Flavien. Je t’avoue que, d’après les nymphes et les sylvains que j’ai vus errer par ici, ces bois me semblent peuplés de jeunes monstres des deux sexes, et que je serais tenté de conclure vite mon marché, afin d’aller voir en Touraine si les belles Anglaises galopent toujours sur des chevaux de sang, en livrant à la brise, comme tu dirais, les plis de leur voile d’azur et les anneaux de leurs blonds cheveux.

L’embarras fut d’avoir un véhicule pour se transporter à Puy-Verdon.

Le vieux Gervais, qui avait signalé l’existence de l’équipage de madame la chanoinesse, eut une terrible mortification à essuyer, lorsque les deux jeunes gens accueillirent de huées et de sarcasmes l’apparition de la patache et du vieux cheval que le bonhomme leur présentait d’un air de complaisance. Pourtant il fallut bien s’en accommoder : il pleuvait, et il était impossible d’arriver à pied chez les dames de Puy-Verdon sans être mouillé et crotté. Il fut convenu que Gervais conduirait, que les voyageurs se tiendraient au fond de la patache sans se montrer, qu’on s’arrêterait sous bois à une petite distance de la résidence de Dutertre et qu’on ferait l’entrée à pied par les jardins, sans exhiber aux regards moqueurs des jeunes personnes du château l’absurde berline de