Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/348

Cette page n’a pas encore été corrigée

Nathalie, atterrée, sentit profondément, sinon par la conscience, du moins par la peur, la force des raisonnements et des menaces de Blondeau. Elle courba la tête en silence, et il la laissa pour remonter auprès d’Olympe.

Elle était toujours dans le même état, frappée d’une contraction nerveuse qui produisait le mutisme : le battement de son pouls était à peine sensible, celui du cœur était insensible tout à fait. Elle avait les yeux ouverts, fixes, et paraissait réfléchir avec effort. Blondeau lui demanda à quoi elle pensait ; elle fit signe qu’elle n’en savait rien. Il lui demanda si elle était inquiète de quelque chagrin arrivé à son mari. Son sourcil se fronça légèrement, et elle regarda Blondeau avec une sorte d’effroi vague.

— Vous souvenez-vous de quelque chose de semblable ? lui dit-il.

— Elle fit signe que non.

— Vous comprenez bien et vous entendez bien ce que je vous dis ?

— Oui, dit-elle avec la tête.

— Vos yeux voient bien ? Pouvez-vous lire une lettre ?

Elle étendit la main pour la recevoir. Elle lut ce que Dutertre lui écrivait, sourit et fit signe qu’elle allait essayer de dormir. Blondeau lui administra une nouvelle potion, mais elle ne dormit point.

Nathalie entra sans bruit, sur la pointe du pied. Blondeau lui fit signe impérativement de s’éloigner. Elle joignit les mains d’un air suppliant, et s’arrêta avec soumission derrière le lit, d’où Olympe ne pouvait la voir.

Blondeau fut touché du repentir de Nathalie, et, comme toutes les bonnes gens en pareil cas, un peu fier de l’avoir produit.

— Pensez-vous, dit-il à Olympe, avoir à vous plaindre