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besoin de la plus complète tranquillité d’esprit, et s’occupa activement de ramener Olympe au sentiment de la vie. Elle se ranima, mais sans paraître comprendre ce qui lui était arrivé ; sa femme de chambre put la faire coucher, car elle s’aida elle-même machinalement, et, quand Blondeau rentra, il essaya de l’interroger ; mais Olympe, portant la main à son cou et à son front, lui indiqua ainsi que la voix ne lui était pas revenue et que ses idées étaient confuses.

Nathalie, qui, de sa fenêtre, observait le mouvement précipité des lumières dans l’appartement d’Olympe, pressentit quelque événement et vint doucement écouter dans le boudoir. Elle n’y fut pas longtemps sans rencontrer Blondeau, qui allait et venait avec inquiétude.

— Qu’y a-t-il donc ? lui dit-elle un peu effrayée. Mon père serait-il malade ?

— Votre père, dit brutalement Blondeau, qui vit dans Nathalie l’assassin du bonheur domestique, vous ne savez pas où il est ? Eh bien, ni moi non plus ; cherchez-le, car, à l’heure qu’il est, il se fait peut-être sauter la tête.

— C’est horrible ! s’écria Nathalie, c’est atroce, ce que vous dites là !

— Bah ! dit Blondeau, est-ce que cela vous émeut ? Est-ce que vous n’avez pas fait votre possible pour que cela arrivât ?

— Grand Dieu ! reprit Nathalie en proie à une terreur affreuse, mais n’oubliant pas sa haine, c’est cette odieuse femme qui le tue et qui m’accuse !

— Cette odieuse femme, dit Blondeau, ne vous pèsera pas longtemps, au train dont vous menez sa vie !

— Blondeau, dit Nathalie exaspérée, vous êtes un misérable ! le confident de ses intrigues peut-être ! Mais je