Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/341

Cette page n’a pas encore été corrigée

Olympe, vous n’êtes plus ma sainte, ma divinité, mon souverain bien !… Vous avez subi quelque violence morale, je ne sais quelle inexplicable fascination ! Vous en serez vengée, et, après cela, comptez sur votre ami, qui ne vous livrera point à la risée publique et qui vous pardonnera ces huit jours de torture et cet avenir de désespoir, à cause des huit années de suprême bonheur que vous m’avez données.

Olympe entendit ces paroles sans les comprendre. Elle avait le regard fixe, la bouche contractée, les mains roidies sur les bras de son fauteuil. Pour qui ne devinait pas le coup mortel qu’elle venait de recevoir, son attitude pouvait sembler celle de la culpabilité consternée.

Dutertre ne put tenir davantage à cet épouvantable silence, qui lui arrachait son dernier espoir. Jusque-là, sa femme pouvait lui paraître légère ou entraînée ; mais il ne suffît pas de quelques heures pour vaincre la vertu d’une femme longtemps pure, et Dutertre pensait que, si Olympe avait laissé son cœur ou son imagination à Mont-Revêche, elle était du moins rentrée avec son honneur à Puy-Verdon. En la voyant muette et comme terrassée sous le poids de sa faute, il perdit sa dernière illusion et s’enfuit au fond du jardin pour y étouffer son désespoir, sa fureur et sa honte.

Au bout d’un quart d’heure, il rentra dans le boudoir, passa dans son cabinet, y resta quelques instants sans approcher de l’appartement d’Olympe et sortit de nouveau par le jardin. En ce moment, Dutertre était fou.

Blondeau, qui le guettait et qui avait commenté sa première sortie et sa rentrée, l’arrêta sur le perron de la tourelle et lui dit avec décision :

— Qu’y a-t-il, monsieur Dutertre ? Vous me cherchez,