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Olympe, expliquez-moi tout ! Ne voyez-vous pas que je meurs à vous attendre ainsi ?

— Comment expliquer ce que je n’entends pas moi-même ? reprit Olympe. Explique-toi le premier, mon ami, et je saurai le moyen de te calmer.

— Eh bien, dit Dutertre exaspéré, je vous ferai cette mortelle injure de vous interroger. Le ciel m’est témoin que j’ai tout fait pour m’y soustraire, et que c’est vous qui vous y abaissez de vous-même. Pourquoi avez-vous été, ce matin, à Mont-Revêche ? Répondez : cette fois, je l’exige…




XXIX


Olympe n’avait pu prévoir que son mari serait si vite informé des détails de cette malheureuse affaire. Il n’y a rien de moins questionneur que la confiance absolue, et jamais Dutertre n’avait songé à demander compte à sa femme de l’emploi des heures qu’elle ne passait point auprès de lui. Combien d’autres fois elle avait passé la matinée dehors, soit seule, soit avec Caroline ou Amédée, sans qu’il songeât à faire d’autres questions que celle-ci : « Eh bien, mes enfants, comment vont vos pauvres ? » Les courses n’avaient même pas toujours pour but de porter des soins charitables. C’étaient souvent de simples promenades, et plus d’une fois Olympe avait erré seule dans les bois, dont elle aimait l’aspect sauvage et les douces senteurs.

Il est vrai que, durant le temps que Dutertre passait auprès d’elle, c’était presque toujours avec lui qu’elle se promenait ; mais elle lui avait souvent écrit : « Ce matin, j’ai parcouru seule les endroits que tu préfères ; quand je