Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/292

Cette page n’a pas encore été corrigée

Olympe rentra pour cacher ses pleurs.

— Et vite, Crésus ! en route, dit Éveline en regrimpant à cheval ; et vous, silence ! cria-t-elle à l’autre domestique.

Puis elle partit comme un trait. Elle eût franchi un précipice, s’il s’en fût ouvert un sous ses pas.

Elle prit pour but un endroit quelconque, fit deux lieues de galop, et revint par un autre chemin qu’elle connaissait à merveille et qui passait au bas de la colline de Mont-Revêche, du côté opposé à la porte du château et à la ferme qui se trouvait située au-dessous. Quand elle fut là :

— Tiens, dit-elle en se retournant vers Crésus : j’ai pris le plus long, voici Mont-Revêche ! Pourquoi donc ne m’as-tu pas dit que je me trompais ?

— Je ne savais pas que vous vous trompiez, répondit Crésus, qui n’en pensait pas un mot.

Éveline mit son cheval au pas comme pour le laisser souffler, échangea quelques paroles oiseuses avec Crésus, et jeta sur les dehors du petit castel le coup d’œil d’un général expérimenté qui tâte les endroits faibles de la place. Elle avisa un éboulement qui, de loin, lui parut facile à escalader, et qui, selon ses conjectures, devait donner accès dans une petite chapelle que Thierray faisait précisément réparer. Elle distingua une échelle qu’elle jugea courte, car elle n’en put compter les barreaux.

— Thierray m’aurait-il fait cette galanterie pour me faciliter les moyens de pénétrer au cœur de la forteresse ? se dit-elle, souriant de la facilité de son entreprise.

Et, sans faire plus d’attention ni de calcul, elle reprit le galop et disparut.

Thierray, en ce moment-là, était dans la chapelle ; il