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d’avoir provoqué, même par intention, la regrettable circonstance où je me suis trouvé hier.

— Assez ! assez ! monsieur Thierray, répondit Dutertre avec une sorte de violence. Je sais très-bien qu’il n’y a pas de votre faute ; il n’était pas besoin de me le dire, et je m’étonne beaucoup que vous pensiez devoir m’en parler.

Puis il ajouta d’un ton plus calme :

— Vous avez de l’honneur ; je me fie à votre discrétion, bien que je sache qu’il n’y ait là rien de grave, rien qui blesse mon honneur, et dont j’aie le droit de me plaindre en ce qui vous concerne.

Dutertre croyait, en parlant ainsi, que Thierray s’était aperçu de sa méprise dans l’envoi de la lettre, et qu’il venait lui en témoigner son regret, idée qu’avec raison il trouvait assez inintelligente, presque déplacée. Il ne se doutait pas plus de la visite de sa fille à Mont-Revêche que Thierray ne se doutait d’avoir encore quatre cents vers de sa façon dans le tiroir de son bureau à la place des confidences de son ami.

La philosophie de Dutertre à son égard le frappa donc d’une grande surprise, et il y vit un esprit de justice si rigide, qu’il en fut presque effrayé.

— Pauvre Éveline ! pensa-t-il, on la sait si folle, qu’on ne songe pas même à m’accuser, et on l’abandonne aux conséquences de sa faute, sans m’imposer pour devoir de les réparer. Allons, je serai aussi héroïque que cet honnête homme ! j’épouserai, dussé-je m’en mordre les doigts plus tard !

— Monsieur, dit-il, j’admire votre sagesse et votre fierté ; mai ? je sens que je dois à votre honneur une réparation…

— Eh ! quelle diable de réparation pourriez-vous m’of-