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— Ce ne sont pas les siennes, ce sont les vôtres, ma tante : nous les avons cueillies pour vous. Vous les trouviez belles sur leur tige au coucher du soleil.

— Oui, je les trouve belles, quoique pâles et tristes.

— Elles sont pures, mais sans parfum.

— Sans parfum ! dit Olympe en se penchant vers la gerbe de fleurs. Eh bien, on calomnie comme cela beaucoup de plantes, parce qu’elles ont des émanations fines et discrètes. Moi, je trouve qu’elles ont l’odeur des bois, quelque chose qui n’a pas de nom précis, mais qui charme sans enivrer. Aies-en soin. Adieu ! à tantôt.

Et Olympe sortit.

Il se fit un silence qui étonna Dutertre.

Amédée ne bougeait pas. Dutertre écarta doucement la tapisserie et le regarda attentivement.

Un faible jour pénétrait dans cette pièce ; mais, comme elle était fort petite, Amédée se trouvait forcément assez près de son oncle pour que celui-ci ne perdît pas un de ses mouvements.

Le jeune homme, avant de se retirer par le jardin, demeurait les yeux fixés sur la porte par où Olympe était sortie. Il tenait toujours dans ses bras la gerbe de fleurs qu’elle avait respirée. Tout à coup, par un mouvement convulsif, il la porta à son visage, l’en couvrit, comme pour étouffer les baisers dont il la remplissait, et vint tomber ainsi sur un fauteuil, tellement près de Dutertre, que, sans la préoccupation complète où il était, il eût vu ses yeux ardents attachés sur lui. Dutertre n’y put tenir. En proie à une agitation insurmontable, et ne sachant pas supporter plus longtemps son inaction, il écarta le rideau, étendit le bras et prit dans les mains d’Amédée les fleurs, qu’il en arracha avec une sorte de violence.