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vole. Olympe est malade, sachez-le, ma fille. Elle est nerveuse, affaiblie, et peut-être a-t-on eu ici envers elle des torts qui, sans la justifier de ses soupçons, doivent l’excuser. Oubliez cela. M. de Saulges ne doit pas revenir, et, si jamais ma femme, ce dont je la sais incapable, laissait échapper quelque doute devant moi sur cette puérile aventure des fleurs, comptez bien qu’avec la même affection paternelle que je vous témoigne, je vous justifierais auprès d’elle.

— Sans doute, mon père, ce serait aussi avec la même sévérité que vous me témoignez quelquefois ? dit Nathalie tout à fait rendue à sa haine. Je suis ici profondément blessée, et un étranger est le confident des accusations dont votre femme me gratifie.

— Nathalie, vous disiez tout à l’heure : Je lui pardonne ; est-ce ainsi que vous pardonnez ?

— Eh bien, je serai généreuse envers elle, répondit Nathalie d’un air méprisant. Je ne suivrai pas l’exemple qu’elle me donne. Je ne prendrai pas de confidents de l’injure qu’elle m’a faite ; surtout je ne les choisirai pas arrivés de la veille pour leur ouvrir mon cœur le lendemain, car je craindrais de les voir s’enhardir jusqu’à me serrer dans leurs bras à quelque rendez-vous de chasse.

Et Nathalie, redevenue furieuse de voir son père si indulgent pour les soupçons d’Olympe, lisant dans son regard irrité que sa jalousie secrète allait se traduire par une violente indignation contre la main qui retournait le fer dans sa blessure, se retira, ou plutôt se sauva dans sa chambre.

C’était la première fois de sa vie que Dutertre allait dormir sous son toit sans avoir serré ses trois filles contre son cœur, et, pour la première fois, il ne rappela point l’enfant rebelle pour la calmer et la ramener au senti-