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s’en apercevoir. J’ai cru bien faire. Je n’ai pas pris d’argent pour cela, je n’en accepterais pas. J’aime la famille que ça regarde, et vous aussi, monsieur, quoique je sois bien nouveau auprès de vous ; je vois qu’on s’est joué de moi, et que tout ça, c’était une niche. Mais elle est bien dangereuse ; si on venait à le savoir, ça ferait beaucoup parler. Heureusement, je n’ai pas envie de faire du mal, je n’en ai jamais fait à personne, et il ne m’arrivera plus jamais d’ouvrir la porte, à moins que monsieur ne me le commande, car le premier devoir d’un serviteur, c’est d’obéir à son maître.

— Mais je ne suis pas votre maître jusqu’à présent, mon cher Forget ?

— Pardon, monsieur ! M. le comte m’a dit : « Vous êtes à moi, mais vous servirez M. Thierray, » et je ne connais que ça.

— Eh bien, Forget, dit Thierray, qui sentit aussitôt l’opportunité de s’attacher cet honnête homme, de ce moment, non-seulement vous me servez, mais vous êtes à moi, si vous le voulez bien.

— De bien grand cœur, monsieur ; mais M. le comte m’a dit que j’étais à lui, et j’ai donné ma parole pour six mois au moins.

— M. de Saulges vous rend votre parole ; vous êtes à moi, et vous servirez M. de Saulges, s’il revient. Consentez-vous, aux mêmes conditions ?

— Oui, monsieur, répondit Forget, j’aurai beaucoup de plaisir à vous servir.

— Et vous ne me direz pas le nom du revenant de cette nuit, si je vous commande de me le dire ?

— Pour ça, non : que monsieur m’excuse, je peux promettre seulement à monsieur de n’avoir plus jamais de secrets par rapport à lui, de ne plus rien écouter, et de