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pez dans l’eau avec le bouquet, et vous croyez qu’on peut lire le nom d’une fleur quand vous l’avez fait baigner pendant vingt-quatre heures dans un vase comme celui-ci ! Thierray montrait à Crésus le vase de porcelaine craquelée et l’étiquette de parchemin qu’il en avait retirée.

— Dame ! monsieur, dit Crésus pris au dépourvu, je n’avais pas fait attention à ce petit papier-là. C’était donc le nom de la fleur ?

— Qu’est-ce que vous voudriez que ce fût, je vous le demande ? Voyons, pouvez-vous me le dire, ce nom ?

— Pardié ! monsieur, ils appellent ça de l’azalée.

— Voyez ! sans vous, pourtant, je n’en saurais rien. Et quand la personne qui vous en avait chargé saura que vous avez apporté cette plante avec si peu de précaution, qu’elle était méconnaissable…

— Ah ! pour ça, monsieur, j’avais pourtant mis bien proprement le bouquet dans mon chapeau, dit Crésus.

— Pauvre Flavien, qui le porte peut-être sur son cœur ! pensa Thierray.

— Madame vous grondera, continua-t-il, de prendre si peu de soin des fleurs rares qu’elle envoie à des amateurs.

— Oh ! pardié ! monsieur, elles ne sont pas rares chez nous. Il y en a plein le jardin, de ces fleurs-là, et je vous en apporterai tant que vous voudrez. D’ailleurs, ça n’est pas madame qui m’en avait chargé.

— Alors, c’est mademoiselle, et c’est la même chose.

— Eh bien, monsieur Thierray, il ne faudra pas le lui dire : elle me gronderait.

— Vous êtes un ingrat ! mademoiselle Caroline ne gronde jamais personne.

— Oh ! ça n’est pas mademoiselle Caroline qui m’avait commandé…