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de son père pour effectuer sans solennité leur séparation à la fin des vacances. Le front chargé d’ennuis de la muse s’éclaircit donc un peu, et, comme elle attribua la condescendance de son père au désir qu’Olympe avait de se débarrasser d’elle, elle cessa de la maudire et de la persécuter, sans cesser de la dénigrer tout bas.

Olympe eut donc un intervalle de repos où, sans savoir ce qui se préparait et ce que son mari avait souffert, elle s’imagina qu’il avait réussi à la réconcilier avec sa belle-fille.

— Ce grand cœur sait faire des miracles, disait-elle à Amédée, qu’elle croyait seul initié au secret de ses douleurs. Il réchauffe comme le soleil, et fond les glaces sur les hautes cimes.

Et déjà Olympe commençait à guérir, comme une plante vivace qui se relève au moment d’un orage. Que faisait Thierray à Mont-Revêche pendant que ces petits événements de famille suivaient leur cours à Puy-Verdon ? car, depuis la soirée où Éveline avait travaillé à le rendre jaloux d’Amédée, c’est-à-dire depuis huit jours environ, Thierray n’avait pas reparu. Il avait écrit qu’en descendant de cheval il s’était donné l’entorse la plus stupide du monde ; qu’il espérait cependant en être bientôt quitte, et qu’en attendant le bonheur d’aller faire sa cour aux dames de Puy-Verdon, il tâcherait d’endormir ses souffrances et de charmer ses ennuis en faisant les quatre cents vers dont mademoiselle Nathalie ne l’avait pas voulu tenir quitte.

— J’ai promis de les faire, ajoutait-il en finissant ; mais je n’ai pas promis de les faire lire ou entendre. Que mademoiselle Nathalie se rassure donc sur les funestes conséquences de ma fidélité à lui tenir parole.

Dutertre avait été voir Thierray, et avait failli le trouver