Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/191

Cette page n’a pas encore été corrigée

malgré ma sagesse et la tienne, compromis comme tout le monde d’un jour à l’autre, et, sinon ruiné, du moins gêné. Dans cette situation, j’ai songé, sinon à diminuer mes dépenses, du moins à ne pas les augmenter. Au moment d’acheter un hôtel ravissant aux Champs-Élysées, pour faire venir un peu plus souvent et un peu plus longtemps ma famille à Paris, dans le courant de mes années d’exil, j’ai reculé devant une petite imprudence ; je me suis tenu à un simple loyer où je ne reçois que des hommes et des gens sérieux. Or, ma fille, tant qu’elle vivra près de moi, ne tiendra pas un salon d’hommes, et ne se fera pas un cortège de beaux esprits. Quelque dédain qu’elle ait pour mes idées bourgeoises à cet égard, il faudra qu’elle se plie aux conditions d’une existence bourgeoise. C’est un petit châtiment qu’elle aura mérité et cherché. Puisse-t-il lui être salutaire et lui apprendre à apprécier l’intérieur dont elle s’exile et où son retour sera salué, plus tard, comme celui de l’enfant prodigue.

Cette conclusion paraissant la meilleure, l’oncle et le neveu se séparèrent.

Dès le lendemain, Dutertre informa sa fille aînée de la résolution qu’il avait prise, sans lui dire toutefois, de peur d’un orage dont Olympe eût recueilli les coups, le projet qu’il avait formé de faire venir à Paris la vieille mademoiselle Dutertre, et les plans de retraite et d’économie qu’il s’était tracés. Forcé de jouer au plus fin avec elle, et de lui ménager ces surprises désagréables, il prit son parti de souffrir seul quand le moment de la colère et du désappointement serait venu.

Nathalie, se leurrant de brillantes espérances et désirant fort peu associer une rivale comme Éveline à ses futurs triomphes, promit sincèrement de suivre le plan