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velours noir sur la figure. — Continuez, Crésus. Quelle figure a-t-elle sous son masque ?

— Ça dépend, monsieur. Quand elle est de bonne humeur, elle est toute jeune et assez gentille, qu’on dit. Quand elle est en colère, elle est vieille et laide comme un diable. Mais, quand elle veut faire mourir quelqu’un, et qu’elle tire son masque, on voit une figure de mort desséché, et il faut partir dans la huitaine. Voilà ce qu’on dit ; mais c’est des fameuses bêtises.

— Tout cela est très-conforme à la version d’Éveline, dit Thierray en mettant pied à terre ; car on était entré dans la cour du château. Eh bien, cette légende est jolie.

— Comment ! vous n’êtes pas couché, Gervais ? dit Flavien à son vieux serviteur, qui venait à sa rencontre. Je vous ai défendu de veiller pour m’attendre : ce service-là n’est plus de votre âge.

— Oh ! que M. le comte ne fasse pas attention, répondit le vieillard ; c’est que je tiens à fermer la porte moi-même derrière ces messieurs.

— Eh bien, croyez-vous que nous ne soyons pas assez grands garçons pour la fermer nous-mêmes ? Au lit, au lit, mon vieux brave !

— J’y vais, monsieur, répondit Gervais après avoir été tâter et palper la porte déjà fermée, avec une insistance singulière.

— C’est que nous ne saurions pas la fermer comme lui, dal dit Crésus à demi-voix à Thierray. Vous ne voyez pas qu’il fait une croix dessus avec ses doigts ? Ah ! vous parlez delà dame au loup ! c’est lui qui gobe cette bêtise-là !

— Vraiment ! dit Thierray. Écoutez donc ici, père Gervais. Est-ce que vous l’avez vue, vous ?

— Qui donc, monsieur ? dit Gervais tout ému.