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banc sur la pointe du pied, la laissa tomber dans le chapeau de Flavien, qui était placé à côté de lui ; puis, se glissant comme une couleuvre dans les buissons, elle alla, d’un air fort tranquille, rejoindre le premier groupe qu’elle vit paraître sur la pelouse.

Flavien s’éveilla. Au moment de remettre son chapeau sur sa tête, il fit tomber la branche d’azalée ; il l’examina un peu comme un chien de chasse flaire la piste d’un gibier suspect.

— C’est une déclaration, dit-il. Ces filles de province, comme ça s’ennuie ! Voyons !

Il détacha une des fleurs qu’il mit à sa boutonnière, et froissa le reste de la branche qu’il fourra dans la poche de côté de son habit. Puis il se leva et prit le chemin du château, résolu, dans le désœuvrement de son propre cœur, à voir venir l’aventure.

Il n’avait pas fait trois pas, qu’il rencontra Caroline.

— Il n’y a, pensa-t-il, que les petites filles pour faire, en jouant, de pareils coups de tête. Elles appellent cela des espiègleries !

Mais Caroline, qui cherchait Nathalie, l’accosta avec sa manière accoutumée ;

— Bonjour, monsieur ; comment vous portez-vous ?

Il ne fallait que rencontrer ces beaux grands yeux vifs, hardis et tranquilles, pour ne pas douter un instant de son indifférence et de sa pureté. Aussi Flavien lui offrit-il son bras, qu’elle accepta sans embarras, pour retourner vers sa mère, un peu vaine d’être traitée comme une personne raisonnable, et s’efforçant de régulariser son pas vagabond, qui savait courir et non pas marcher.