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il en fera encore un. Soyez béni ! voilà ce que je dirai, moi, tous les jours de ma vie.

Zoé vous bénit aussi, vous avez complété sa guérison. Farfadet vous a cherché toute la journée hier. M. Sylvestre lui a dit gravement :

— Tenez-vous tranquille, il reviendra.

Farfadet s’est résigné, et vous ne voudrez pas que l’ermite ait menti une fois en sa vie, ne fût-ce qu’à son chien.




LVI

DE PIERRE À PHILIPPE


Les Grez, 15 septembre.

J’ai la force de t’écrire. J’ai bien eu celle de descendre à pied la colline pour m’installer dans la maison rose ! C’est un paradis ! Être là dans ce ravissant petit coin, avec elle et avec l’ermite ! Ah ! laisse-moi espérer que tu viendras vivre ici pour compléter mon univers, j’ai besoin d’être trop heureux ! Cela m’est dû, à moi qui ai si longtemps attendu la notion du bonheur ; mais quelle revanche je prends aujourd’hui ! Je vis dans la joie en attendant l’ivresse ! Mes journées oisives passent comme des heures. Je croyais cela impossible, moi, de vivre sans agir et sans réfléchir. Délicieux affaiblissement de mon être ! tout m’attendrit et me charme. J’ai des gaietés d’enfant et des larmes aussi qui sont comme un excès de bien-être. Je ne suis pas encore bien sûr de ne pas rêver. Elle