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qu’elle devait savoir capable de garder un secret ?

— Vous voulez donc savoir la vérité ? C’est pour la dire à M. Nuñez, n’est-ce pas ?

— Je présume qu’il n’en est pas à l’apprendre.

— Mais il a dû vous dire où nous en sommes ?

— Il dit qu’il espère et qu’il craint.

— S’il espère,… je dois quitter sa maison.

— Il a donc tort d’espérer ?

— Je n’ai pas à répondre à cette question ; mais il m’avait promis de ne pas espérer avant d’y être autorisé par moi. S’il manque à sa parole, je ne suis pas obligée de tenir la mienne.

— C’est selon. Que lui avez-vous promis ?

— De réfléchir. S’il vous a dit autre chose, il n’a pas pris ma réponse au sérieux, et dès lors je dois m’en aller, pour ne pas me trouver engagée à mon insu.

Je me suis senti très-agité. Il est certain que Gédéon m’a laissé croire qu’il avait reçu des encouragements. Pourtant je n’avais pas encore le droit de le desservir en disant la vérité, et la sotte position que sa confiance m’a faite me force de mentir à mademoiselle Vallier. J’ai essayé d’éluder ma réponse. Elle a insisté.

— Je veux savoir si M. Nuñez compte que j’accepterai ses offres.

J’ai fait un effort terrible. J’ai répondu qu’il ne comptait sur rien, mais qu’un homme très-épris avait toujours, sinon le droit, du moins la liberté d’espérer.

— J’ai demandé conseil à M. Sylvestre, a repris mademoiselle Vallier. Il m’a dit de réfléchir, je réfléchis. M. Nuñez a accepté cette situation, qui doit durer un certain temps ; mais, s’il ne l’accepte pas au