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éleverez des murailles blanches qui bientôt se couvriront de pampres ou de rosiers. Là, vous rêverez chaque soir sur le petit pont que fait trembler l’eau grondeuse ; vous regarderez tourner la roue qui bat la rivière et la disperse en mille franges d’argent. Il y a des pensées, des rapprochemens dans cette rotation si persévérante, qui ramène successivement sous les yeux, comme autant d’accidens nouveaux, les mêmes dentelures, les mêmes rayons. Là, sont les vicissitudes de la vie, toutes les périodes que parcourt l’esprit pour revenir au point d’où il est parti. Civilisation des peuples, destin des conquérans, esprit des mœurs, caprices de la mode et du préjugé, ce sont des orbes circulaires qui tournent sur eux-mêmes.